LES PRIVILEGES !
Je soumets à votre jugement
Ce texte qui est d’un autre temps
Mais combien il est précieux de s’en inspirer
Pour constater que les choses ont peu changé.
« Toutes les portes sont ouvertes à la sollicitation des Privilégiés. Il leur suffit de se montrer, et tout le monde se fait honneur de s’intéresser à leur avancement. On s’occupe avec chaleur de leurs affaires et de leur fortune. L’Etat lui-même, oui, la chose publique a été forcée plus d’une fois de concourir à des arrangements de famille, de négocier des mariages, de se prêter à une acquisition, etc.
Les Privilèges les moins favorisés trouvent partout d’abondantes ressources.
Une foule de Chapitres pour l’un et l’autre sexe, des ordres militaires sans objet, ou dont l’objet est injuste et dangereux, leur offrent des prébendes, des commanderies, des pensions, et toujours des décorations. Et comme si ce n’était pas assez de fautes de nos pères, on s’occupe avec ardeur depuis quelque temps, d’augmenter le nombre de ces brillantes soldes de l’inutilité.
……Les Pays d’Etats s’occupent depuis longtemps, des pensions à donner à la pauvre classe des privilégiés. Les Administrations Provinciales suivent déjà de si nobles traces et les trois ordres en commun, parce qu’ils ne sont encore composés que de Privilégiés, écoutent avec une respectueuse approbation tous les avis qui peuvent tendre à soulager la pauvre classe des privilégiés. Les Intendants se sont procuré des fonds particuliers pour cet objet ; un moyen de succès pour eux de prendre un vif intérêt au triste sort de la pauvre classe des privilégiés ; enfin, dans les Livres, dans les Chaires, dans les Discours Académiques, dans les Conversations, et partout, voulez-vous intéresser à l’instant tous vos Auditeurs, il n’y a qu’à parler de la pauvre classe des privilégiés. A voir cette pente générale des esprits, et les innombrables moyens que la superstition, à qui rien n’est impossible, s’est déjà ménagée pour secourir les pauvres Privilégiés ; je ne puis m’expliquer pourquoi on n’a pas encore ajouté, s’il n’existe d’jà, à la porte des Eglises, un tronc pour la pauvre classe privilégiée.
……Dès qu’à force de travail et d’industrie, quelqu’un de l’ordre commun a élevé une fortune digne ; dès que les agents du fisc, par des moyens plus faciles, sont parvenus à entasser des trésors, toutes les richesses sont aspirées par les Privilégiés. Il semble que notre malheureuse Nation soit condamnée à travailler et à s’appauvrir sans cesse pour la classe Privilégiée. »
Ce très beau texte « L’Essai sur les privilèges » date de 1788. Il est d’Emmanuel-Joseph Sieyès, un insolent provocateur. Elevé chez les jésuites, rien ne le prédisposait à devenir l’accusateur emblématique de la Noblesse et du Clergé.
Aujourd’hui on ne parle plus de prébendes, de commanderies, de soldes mais plus précisément de trafic d’influence, de malversation, de pot-de-vin, de magouille ce qui est équivalant.
Finalement depuis ce temps rien n’a changé,
Ce sont toujours les mêmes qui tiennent le haut du pavé
Et qui au peuple en font toujours baver
Le maintenant toujours dans la médiocrité.
On va s'en prendre aux bénéficiaires du RSA
Mais Tapie est remboursé de millions d'euros par l'Etat
Et Luc Ferry cet ancien ministre redevenu professeur
Séchera ses cours à l’Université, et pour lui pas de rigueur
Il sera quand même malgré son absence, rémunéré
Et viendra sans vergogne plaider la morale à la télé.
Vous aviez raison M. Sieyès et vous étiez de bonne foi
En disant que les privilèges se dispensent des lois.
En 1789 dans une célèbre formule Sieyès déclarait :
Qu’est-ce que le Tiers Etat ?- Tout.
Qu’a-t-il été jusqu’à présent dans l’ordre politique ? – Rien
Que demande-t-il ? A être quelque chose.
Je crois que maintenant l’heure est proche où nous devons devenir quelque chose et pour les citoyens que nous sommes, qui constituent le Tiers Etat, de se prendre en main pour modifier le monde et le rendre moins incertain. Se faire davantage confiance. Redonner l’espérance. Retrouver le respect de la personne, dégager de l’humain. Mettre la créativité au service du sens plutôt que la rentabilité à tout prix. Voilà des privilèges à respecter et mettre en exergue dans la société.
B.S.