Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
20 novembre 2009 5 20 /11 /novembre /2009 13:44


    JE ME REVOLTE, DONC JE SUIS.
                                            
(A. Camus)


 

Au moment où toutes nos valeurs s'engluent dans la mélasse d'une médiocratie mutilante, où l'argent prime le droit, où la liberté devient liberticide, où la justice est bafouée, où l'égalité est un vil mot, où la "dénonciation est, pour certains, un devoir républicain" où notre société est pestiférée, voici que Sarkozy trouve un nouvel alibi pour tenter de redorer son blason. Faire entrer Albert Camus au Panthéon. C’est purement grotesque tellement l’homme est aux antipodes du Président. Tous les amoureux de Camus, dont je suis, ne peuvent voir dans cette décision qu’une provocation, une indécente récupération.

Camus serait aujourd’hui, l’homme révolté qu’il a toujours été, indomptable, obstiné. Il reprendrait surement aujourd’hui son jugement d’hier sur « La démocratie, exercice de la modestie » _ Nous mangeons du mensonge à longueur de journée, grâce à une presse qui est la honte de ce pays. Toute pensée, toute définition qui risque d’ajouter à ce mensonge ou de l’entretenir est aujourd’hui impardonnable_

Et dans d’autres circonstances il déclarait ; « Mon rôle n’est pas de transformer le monde, ni l’homme…Mais il est, peut-être, de servir, à ma place, les quelques valeurs sans lesquelles un monde, même transformé, ne vaut pas la peine d’être vécu…. »

Ces valeurs : Amour, générosité, respect, amour de son prochain, solidarité, qui donnent un sens à la vie sont vulgairement dépréciées au bénéfice de l’égoïsme, de l’individualité, du repli sur soi. Nous sommes passés de la civilisation de l’être à celle de paraitre. Tout n’est plus qu’affaire de rentabilité, de profit et l’homme est pris dans cet engrenage infernal qui le conduit à sa perte. Camus savait cela et n’aurait pas supporté, la preuve : le 8 août 1953 il écrivait dans une lettre sur la révolution prolétarienne « Les tyrannies comme les démocraties d’argent savent que pour régner, il faut séparer le travail de la culture. Pour le travail, l’oppression économique y suffit à peu prés….Pour la seconde, la corruption et la dérision font leur œuvre. La société marchande couvre d’or et de privilèges des amuseurs décorés du nom d’artistes et les poussent à toutes les concessions…. »

En août 1937, on trouve dans ses carnets ce qui est un jugement prémonitoire. « Chaque fois que j’entends un discours politique ou que je lis ceux qui nous dirigent, je suis effrayé depuis des années de n’entendre rien qui rende un son humain. Ce sont toujours les mêmes mots qui disent les mêmes mensonges. Et que les hommes s’en accommodent, que la colère du peuple n’ait pas encore brisé les fantoches, j’y vois la preuve que les hommes n’accordent aucune importance à leur gouvernement et qu’ils jouent, vraiment oui, qu’ils jouent avec tout une partie de leur vie et de leurs intérêts soi-disant vitaux. »


Albert Camus au Panthéon par la volonté de Sarkozy, c’est le vice qui rend hommage à la vertu.




b;s;
Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de Jean Claude Marty
  • : Le point de vue de Bocage socialiste sur l'actualité française et internationale. A gauche toute évidemment ! Humaniste, éternellement !
  • Contact

Recherche

Liens