" C'est avec des hochets qu'on mène les hommes "
( Napoléon )
Notre « Bien-aimé » Président secoue le hochet sous leur nez et ils sont tous là haletants, avides, comme des bébés devant lequel on agite ce jouet pour les consoler. Mais eux ils sont grands et pourtant ils en rêvent de ce hochet de cette rosette, à la boutonnière, de cette marque de reconnaissance, de cette valeur ajoutée qui va les distinguer, les sortir de l’ombre, les exposer à la lumière et aux regards des autres.
Mais qui sont-ils vraiment ces promus de la rosette, à part quelques exceptions près pour mieux nous faire avaler la pilule ? Des courtisans de basse-cour ? des bélîtres ? des faquins ? des fripons ? des gredins ? des familiers de la fameuse nuit du Fouquet’s ?
Figurez-vous que « Bien-aimé » à décoré la dénommée Nicole Choubrac, magistrate qui a prononcé son divorce avec Cécilia ; œuvrant ainsi pour la République, et un certain Franck Albert NAHMANI, qui rend de grands services à la France vu qu’il est le tailleur de notre cher Président, pas facile de lui tailler un costume ! Sont élevés aussi au plus haut titre celui de grand-croix, les milliardaires Paul Desmarais et Albert Frère. Des gens bien sous tous rapports ! qui affichent ce colifichet, qui les distingue avec ostentation, dont disait un certain Jean Gouyé dit Jean Yanne qui l’avait refusé : « La légion d’honneur, c’est comme les hémorroïdes, aujourd’hui n’importe quel cul peut l’avoir. » Des gens dignes ont su refuser cette décoration et c’est tout à leur honneur leurs motivations sont plus dignes que la plupart de ceux qui acceptent. Je pense plus particulièrement à Michèle AUDIN, mathématicienne française, fille de Maurice Audin , mort sous la torture en Algérie en 1957, après avoir été arrêté par les parachutistes du général Massu. Le 1er janvier 2009 elle a refusé la Légion d’honneur, en raison du refus du Président de la République, Nicolas Sarkozy, de répondre à une lettre de sa mère à propos de la disparition de son père : « A ce jour, vous n’avez pas donné suite à cette demande. Vous n’avez d’ailleurs pas répondu à cette lettre.
Cette distinction décernée par vous est incompatible avec cette non-réponse de votre part.
Vous me voyez donc au regret de vous informer que je ne souhaite pas recevoir cette décoration. » C’est trop facile pour un chef d’Etat de libérer sa conscience par une décoration, et, notre « Bien-aimé » excelle en la matière. Beaucoup ont l’échine souple.
Mais celui qui donna le plus d’écho à son refus fut l’artiste peintre Gustave Courbet qui en fit paraitre dans le journal Le Siècle les raisons : « Mes opinions de citoyen s’opposent à ce que j’accepte une distinction qui relève essentiellement de l’ordre monarchique. Cette décoration de la Légion d’honneur que vous avez stipulé en mon absence et pour moi, mes principes la repoussent.
« En aucun temps, en aucun cas, pour aucune raison, je ne l’eusse acceptée. Bien moins le ferai-je aujourd’hui que les trahisons se multiplient de toutes parts et que la conscience humaine s’attriste de tant de palinodies intéressées. L’honneur n’est ni dans un titre ni dans un ruban, il est dans les actes et dans le mobile des actes. Le respect de soi-même et de ses idées en constitue la majeure part. Je m’honore en restant fidèle aux principes de toute ma vie ; si je les désertais, je quitterais l’honneur pour en prendre le signe……………………………………………
« Souffrez donc, monsieur le Ministre, que je décline l’honneur que vous avez cru me faire. J’ai cinquante ans et j’ai toujours vécu libre. Laissez-moi terminer mon existence libre ; quand je serai mort, il faudra qu’on dise de moi : « Celui-là n’a jamais appartenu à aucune école, à aucune institution, à aucune académie, surtout à aucun régime, si ce n’est le régime de la liberté. »
Lettre grave et accusatrice d’un régime récupérateur. Pour Courbet ça ne marche pas.
Aujourd’hui plus qu’hier la Légion d’honneur est devenue pour le pouvoir un sésame à sa gloire. Il en abuse pour conforter ou encenser son autorité. Le pouvoir n’est pas très regardant sur le symbole, les récipiendaires non plus.
« En France, écrivait Jules Renard dans son journal, le deuil des convictions se porte en rouge et à la boutonnière. »
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Dessin du Canard enchaîné du 28 juillet 2010
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B.S.
